Une comédie radiophonique plaisante et surprenante sur une femme perdue et déjantée qui va trouver sa voie en clamant sa colère, ses sentiments et ses histoires à un micro (et sans nous casser les oreilles) !

Même si j’ai étudié et que je travaille actuellement dans le monde des médias, la radio est celui qui m’a toujours le moins touché. Et pourtant, j’ai grandi avec la Radio Libre de Difool sur Skyrock de 21 heures à minuit, des beaux (et graveleux) souvenirs d’enfance. Mais avec les années, le tout-puissant Internet a dévoré mes sessions de radios petit à petit. Mais les ondes continuent de rythmer la vie de beaucoup de gens, en France autant qu’au Japon. Et c’est ce que la déclaration d’amour Born To Be On Air veut nous faire comprendre !
Adapté du manga d’Hiroaki Samura (le mangaka de L’Habitant de L’Infini), cet animé est une vraie déclaration d’amour a la radio et au pouvoir de la voix. Comme dans l’excellent Le Rakugo ou la Vie (un animé a voir absolument) qui retranscrit avec passion l’art du rakugo, Born To Be On Air nous fait comprendre le pourquoi de l’importance de la radio dans la vie grâce a son incroyable personnage principal, son animatrice amateure et explosive Koda Minare !

Alors qu’elle vient de se faire larguée par son petit copain Mitsuo, infidèle et escroc, Koda Minare, une serveuse de 26 ans dans un restaurant de curry, va boire pour oublier et rencontre Mato, un homme plus âgé dans un restaurant. Elle lui fait une déclaration de haine a son ex, et le lendemain, la surprise est énorme : elle entend son discours sur la radio locale. Choquée, Minare se rend à la station et y retrouve Mato, qui se révèle être un producteur sur la radio en question. Il va lui faire une sacrée proposition : avoir une émission rien qu’a elle sur la radio locale !
Une confession alcoolisée qui mène a une carrière radiophonique, c’est un début surprenant (et pourtant presque crédible dans le monde des médias). Et Born To Be On Air est un animé terriblement surprenant, qui n’hésite pas a alterner entre la réalité simple et l’imagination débordante sortie de la voix de Minare; et de créer des moments particulièrement intéressants au niveau narratif (comme le faux meurtre de Mitsuo, qui s’entrechoque avec la réalité ironiquement).
Face a un ours ou en enterrant son ex, Minare fait de la radio de manière incarnée, sans cadre et sans limites. On ne sait pas toujours dans quel « dimension » on se trouve, mais ça contribue au charme de l’animé si on se laisse entrainer. Et il n’y a pas que les histoires de Minare, mais celles des personnes qu’elles rencontrent, avec par exemple l’amour maudit de son voisin terrorisé (qu’elle transforme en récit d’espionnage digne des premiers James Bond en pleine guerre froide).
Et pour se laisser entrainer, il faut adhérer a cette nouvelle voix qu’est Koda Minare : une anti-héroine extrêmement attachante par son caractère intense, ses punchlines, sa façon de raconter des histoires toujours absurdes et de s’emballer (pour mieux se tromper à la fin), elle est franche, maladroite, sincère… Une vingtenaire paumée et entière qui va découvrir sa vraie voie et évoluer personnellement sous nos yeux de spectateur/fan, prêt a rester éveillé jusqu’à 3h30 pour l’entendre dans le poste.. C’est donc parfaitement cohérent qu’elle se retrouve par inadvertance derrière un micro pour parler à coeur ouvert a toute la région d’Hokkaido.
Et dans une oeuvre qui parle de radio, il est essentiel de bien gérer ses dialogues, parce qu’une bonne partie de ce qui arrive passe évidemment par la voix : et ça va vite, les dialogues sont parfaitement dosés pour savoir plus douce, plus slice of life, et les moments Minare ou elle se lance dans une histoire a la source bancale et que l’on n’arrive pas à croire sincèrement (et à juste titre, puisque l’erreur par l’emballement est un credo chez la jeune femme).

En plus d’être une lettre d’amour a l’art de la radio et a ce qu’il apporte (avec cet épisode final qui ramène soudainement à la réalité sur le rôle de la radio dans les moments les plus durs), Born To Be On Air est un animé qui a définitivement une esthétique old school.
Produit par le studio Sunrise avec le réalisateur Tatsuma Minamikawa (qui est notamment a la réal’ de la saison 2 de Fire Force), Born To Be On Air ne semble pas daté dans le sens négatif du terme, mais plus dans le sens artistique, avec ce sorte de grain qui renvoie a une époque plus ancienne de l’animation. Et même si la fluidité n’est pas la première qualité de l’animation, la réalisation ne lésine pas sur les effets et sur la nervosité du montage pour faire vivre la comédie à l’écran de manière efficace !
Même s’il y a ce problème récurrent dans les animés des visages sans détails (pas d’yeux, pas de nez, pas de bouche) dès qu’on est a plus de 10 mètres des personnages et de la CGI pour les moments en voitures (comme a peu près tous les animés sans exception), l’esthétique de Born To Be On Air colle bien a l’esprit old school et « authentique » de l’histoire et de ses personnages.
Plaisante, sincère et toujours surprenante, Born To Be On Air est une comédie qui a su me faire rire, m’entrainer dans son monde et presque me faire reconsidérer mon intérêt pour ce média que j’ai délaissé qu’est la radio. Malheureusement, il n’y a pas de Koda Minare sur les antennes françaises (au mieux, Sebastien Cauet, et on perd au change…).
Mais ça m’a sincèrement donné envie de tester le manga, que je vais commencer bientôt et dont je parlerais ici même prochainement.
Ma note totalement subjective : 8,5/10.
L’intégrale de Born To Be On Air est disponible sur Wakanim. Le manga est à découvrir aux éditions Pika.