Le jeu le plus polémique de 2020 est une réussite, une oeuvre sans concession qui ne pouvait pas faire l’unanimité, et le savait parfaitement…

Pas d’article pendant presque deux mois, et je reviens avec un article sur un jeu vidéo. Même pas un jeu vidéo japonais, de surcroit. Quelle indignité, me direz-vous. Mais ce blog, qui est mon bac à sable ou je vous invite à venir jouer aussi, parle aussi de JV en général. Et The Last of Us 2 est l’une de mes attentes vidéoludiques les plus fortes de 2020 (avec Final Fantasy VII Remake, Sakura Wars, Captain Tsubasa Rise of New Champions, Ghost of Tsushima, Yakuza 7, Cyberpunk 2077, y’en a pas mal). Qu’ai-je bien pu penser du jeu le plus polémique de 2020 ? Et bien, il y a pas mal de choses à dire…
Mais j’ai aimé. Voilà, j’ai vraiment aimé cette suite, même si ce n’est pas une expérience agréable et que je comprends la colère d’une partie de ses détracteurs (pas les idiots qui ont mis 0 avant même d’avoir joué au jeu, ceux et celles qui l’ont finit dans la douleur). TLOU 2 m’a attristé, m’a choqué, m’a énervé et au final, après une vingtaine d’heures de jeu, j’étais un peu désemparé. Mais ce qui est sur, c’est que TLOU 2 est une expérience vraiment intéressante au niveau vidéoludique et humain, quitte à aller contre la personne qui tient la manette…( Info importante : cette critique contient des spoilers sur le jeu, donc ne la lisez pas si vous ne l’avez pas terminé, merci).

On retrouve Ellie et Joel 4 ans après la fin du premier jeu, qui vivent dans la ville tranquille de Jackson. On suit une Ellie qui a bien grandie , et se retrouve au coeur d’une crise personnelle et liée au choix de Joel a la fin de TLOU 1. Et on joue une mystérieuse femme durant une ou deux séquences… Le jeu avance, et j’ai senti l’embrouille peu de temps avant THE évènement : la femme blonde s’appelle Abby, elle rencontre par hasard (un mauvais hasard) Joel et Tommy qui la sauve des infectés. Mais… Abby et ses « amis » attaquent soudainement Joel, et semblent lui en vouloir personnellement. C’est une Luciole, qui a vu le massacre des siens par Joel, et elle a traquée Joel pour se venger… Sous les yeux d’une Ellie tenue au sol et en pleurs, la super-soldat tue Joel a coup de club de golf… Le choc, une claque dans la gueule au bout de 2 heures de jeu. Et surtout le pourquoi de la quête de vengeance d’Ellie, qui va partir pour Seattle pour retrouver et tuer un par un les ex-lucioles présentes ce jour-là.
TLOU 2 est un jeu triste, qui ne veut pas nous faire jouer le rôle du bien, parce que le jeu veut faire comprendre que rien n’est aussi simple. Un rôle violent, impitoyable, injuste, et aveuglé par la colère : ce n’est pas agréable de faire des choses comme ça. Parce que Joel a beau être mort sous nos yeux, il a beau être un héros tellement attachant et simple dans le premier jeu qu’on a envie de se reconnaitre en lui, ce qu’il fait aux Lucioles est en soi terrible, et la suite nous le fait comprendre : il a condamné l’humanité pour sauver sa fille adoptive… Et même Ellie a du mal avec ça (c’est le pourquoi de leur discorde), elle aurait pu sauver le monde en donnant sa vie, mais ce choix lui a été volé. Malgré sa mort rapide, Joel reste un élément clé du jeu, que l’on retrouve dans plusieurs flashbacks (notamment celui sur le musée, qui résume bien le lien père/fille avec émotion et appréhension de ce futur sordide…).
Dans The Last of Us 2, on ne peut en vouloir à personne, il n’y a pas vraiment de notions de bien et de mal, il n’y a que des visions qui changent selon le parcours de chacun. Ellie évolue au fil de ses meurtres, et voit de plus en plus sa morale entrer en conflit avec son désir de vengeance, avec une intensité graduelle très efficace. Et ça rend triste, ce constat amer qui amène à cette fin totalement logique (et visuellement géniale, cette confrontation sale et poisseuse dans l’eau brumeuse) mais qui enterre le clou dans la colère de nombreux fans, que je comprends parfaitement. Après, était-ce nécessaire de nous faire jouer le personnage d’Abby presque la moitié du jeu pour comprendre qu’elle n’est pas la méchante que l’on hait de tout coeur dans les premières heures ? J’en doute, même si sa partie offre les passages d’action les plus mémorables (l’incroyable bataille entre Scars et Wolfs sur l’ile d’Haven). TLOU 2 est un jeu qui choque, qui émeut, qui perturbe et il le fait avec courage et sans hésitation. Même si son écriture manque par moments de subtilité, c’est le revers logique de cette volonté de jusqu’au boutisme.

Et cette oeuvre brutale et sans concession, elle l’est aussi dans le gameplay : manette en main, les déplacements sont assez lourds, on sent bien que l’on n’a pas affaire à des soldats d’élite. Les infectés sont toujours aussi stressants, et particulièrement ces foutus claqueurs que je rencontre à chaque fois avec la crainte de me faire arracher la carotide en un coup. J’ai fait le jeu en difficulté normale (je fais mes jeux toujours à cette difficulté la première fois), et c’est bien équilibré : ça n’est jamais ultra simple, mais on n’est pas sur du die and retry.
Mais mon point préféré du gameplay : les gunfights. Le jeu retranscrit parfaitement la difficulté de viser avec chaque arme, il faut faire attention quand on tire, ça prend du temps pour bien viser… les fusillades sont dures et extrêmement violente (le nombre d’ennemis qui meurt d’agonie en tirant dans l’avant-bras qui s’arrache violemment, ou les coups de fusil de chasse à moins d’un mètre qui explose littéralement la cervelle…). Plus encore qu’un Red Dead Redemption 2, TLOU 2 est le jeu le plus réalistement violent que j’ai pu jouer (on est loin de la violence démesurée de DOOM et compagnie, bien entendu).
Cette violence omniprésente nait aussi indéniablement du travail d’ambiance et de réalisation, qui est de haute volée. Cité plus haut, le chapitre au coeur d’Haven est un exemple parfait : une ambiance poisseuse, sauvage, on n’est jamais serein et jamais heureux dans TLOU 2. L’incroyable motion-capture qui offre un rendu divin, particulièrement cette scène avec Joel et Ellie qui parle du fameux « choix ». Le travail sur la lumière et sur les couleurs, avec notamment ce passage entièrement éclairé par les lumières rouges d’alarme de l’hôpital. L’OST qui nous offre quelques morceaux à la guitare d’une douceur et d’une tristesse qui tranche avec l’ambiance globale, et joue de cette dualité pour plus troubler le joueur.
Au final, The Last of Us 2 n’est pas le chef d’oeuvre tant annoncé par la presse mondiale, mais une expérience vidéoludique très convaincante et réaliste qui m’a choqué et attristé, n’a pas pris de pincettes avec mes émotions, et l’audace de Neil Druckmann et des équipes de Naughty Dog est payante de mon point de vue.
Ma note totalement subjective : 8/10.
The Last of Us 2 est exclusivement disponible sur Playstation 4.